4° Prise
Nuit à Kaw
Lors de mon second séjour, j’étais fortement
motivé à aller un moment dans les marais de Kaw. Suite à
une émission m’ayant fortement impressionné, mettant en
scène Rodoplhe Watchinger, je m’étais fixé l’objectif
de visiter cet endroit afin d’en contempler le paysage original (même
en Guyane), et surtout pour apercevoir quelques spécimens de ces fameux
caïmans noirs.
Nous sommes donc arrivés à Kaw un jeudi, juste avant la fin
de l’après-midi, soit un peu avant que la nuit ne nous enveloppe
de son manteau. Nous avons mis le bateau au dégrad, et juste au moment
où une pluie fine avait décidé de tomber, nous sommes
arrivés au refuge : un carbet entièrement fermé (étouffant
!), au centre du village de Kaw.
Le village est une enclave gagnée sur le temps qui passe. Les maisons semblent immobiles dans le flux temporel, comme gagnées par les racines de l’immobilité. Ici, pas de bruit plus important que les bruits du marais. Une autre vie dans la vie déjà si étrange de Guyane…
Vers minuit, nous avons remis réintégré le bateau sur le dégrad. Dans le silence, et à la lumière du village, nous sommes repartis en direction de l’Approuag
La nuit s’était dégagé des nuages qui avaient pesé toute la journée durant, et le ciel, incommensurablement immense scintillait de ses millions d’étoiles. Quel étrange sentiment d’apercevoir sous ces cieux les constellations de la Grande et de la Petite Ours, de Cassioppée…
Dans cette semi rêverie, nous voguions à la lumière des torches, entre les berges immergées faites de plantes d’eau. Nous avons passés les montagnes de Kaw, et à quelques détours, nous avons vu les premières pairs d’yeux lumineux dans le noir des murailles de plantes.
C’est immanquable, et quand vous les verrez, vous ne pourrez pas en douter : deux petites lumières rouges dans la lueur des torches, qui vous fixent, et disparaissent doucement dans l’eau.
Nous avons poursuivis toute la nuit durant, en nous enfonçant dans des bras de marais qui se refermait derrière nous, poussant toujours le moteur à la limite de la suffocation dans les racines flottantes. Parfois, nous avons vu les yeux réapparaître, et une fois même, il était là, à portée de main : le caïman noir qui reposait tranquillement sur les feuilles aquatiques. C’était un petit spécimen, magnifique par sa grâce et son agilité, qui se laissa admirer avant de s’enfuir dans les profondeurs.
A un moment, nous nous sommes perdus très loin dans le marais de Kaw. Nous avons tenté de rallier le village, grâce à des lumières émises, mais nous avions plutôt pris la direction du bourg de Régina. Tard dans la nuit, nous avons recroisé un carbet flottant, et après avoir réveillé son patron, un gros brésilien, et les touristes qui dormaient tranquillement, nous avons été remis sur la bonne voie.
Voir "les photos de Kaw"
Voir: "Les caïmans noirs"