Rien n'était plus existant que d'aller à la chasse. Il y a quelque par enfouis dans chacun de nous, le désir d'aventure, d'exotisme et de danger. Ils ont été nourris par les histoires de nos grands parents, par le cinéma et nos lectures.

 

 

 

 

 

Impressions de Guyane

1° Prise

Chasse sur l'Iracoubo

Personnellement, mon père me racontait souvent ses nuits de chasse, quand, sous d'autres cieux, lui et ses amis traquaient le buffle sauvage, les singes et… le tigre. Evidemment, je ne peux plus cautionner le " meurtre " d'animaux si magnifique…ment en danger d'extinction, mais le souvenir m'est resté de l'envie d'affronter des animaux dangereux.

Est-ce là l'éternelle lutte des grands prédateurs entre eux (et nous savons les dégâts que nous pouvons causer) ? Sinon, était-ce plutôt le désir de me prouver mon propre courage ? Sûrement un mélange de ça et d'autres choses.

Sachez que contre les animaux sauvages, nous ne prenons des risques que si nous nous montrons réellement imprudents. Le monde des hommes est infiniment plus cruels, surtout pour les animaux innocents.

Toujours est-il que lorsque l'on me proposa d'aller à la chasse, en Guyane, sur le fleuve… Ma réponse fût un oui immédiat. J'allais chasser le caïman, prédateur des eaux rougeâtres de la forêt, autre symbole des forces brutes de la natures, de nos cauchemars, et…. Etrangement, du mal! Alors que je me préparais à un affront de face avec ce seigneur des eaux, je découvrais plutôt une autre type de traque, qui ne me déplaisait pas moins !

Nous garâmes notre véhicule à un dégrad, ou finissaient de mourir une tapouille, et mîmes la barque à l'eau. En fait, il nous fallut remonter le fleuve Iracoubo pendant 3 bonnes heures, dans les méandres sinueux de la forêt.

 

 

 

 

 

C'était en Février, pendant la saison des pluies, et notre coque-alu se jouait des obstacles en surface, sauf une fois, ou un tronc dérivant nous envoya dans un arbre à pois-sucré sur le rivage, d'où nous sommes ressortis chargés de ses cosses… et d'insectes. Le soir tombe rapidement en forêt amazonienne, vers 18 heures.

 

 

 

 

 

Nous avons accostés à une crique, à la fin de notre parcours, le fleuve de ce coté ci ne nous permettait plus de manœuvrer. Il nous fallait en outre nous restaurer. Là, Moïse prépara son souper brésilien : saucisses lentilles et cassoulet en boîte, maquereaux à la moutarde et quack… le tout mélangé dans la même casseroles !

Après tout " ça se mélange bien dans ton estomac " nous dit-il avec son accent brésilien. Croyez le ou pas, mais le soir, en pleine forêt tropicale, à des heures de bateaux de toutes civilisations : manger chaud, dans une assiette et avec des couverts devient un luxe, et le cassoulet c'est du caviar. La nuit arrivant, vous ne pouvez vous empêcher de frissonner, pour des raisons inexplicables. J'acceptais volontiers son café au lait très sucré.

La nuit est alors tombée rapidement, ce qui est, je vous l'ai dit,un élément particulier des pays tropicaux. La forêt se mît à enfler des bruits des insectes, des oiseaux et des sous- bois bruyants. Je ne pourrais pas oublier, non plus les batraciens dont le coassement résonnait entre les arbres, mais c'est le cri des singes hurleurs qui me rappellera cette nuit.

Nous mimes la coque-alu à l'eau de nouveau, après avoir fait disparaître les traces de notre passage. Pour changer de l'aller, Marius menait la barque. Allan et moi étions devant lui, à observer. Jean-Yves et Moïse tenaient les lampes torches, et les rames se trouvaient à portée de leurs mains… Ainsi que leur fusille !

Nous remontâmes longuement l'Iracoubo. Parfois, Moïse, un pécheur hors-pair, me confirma-t-on, repérait un endroit particulier du fleuve, et y jetait son filet de pêche : un épervier. Il s 'ouvrait alors comme des grandes ailles de rapaces, énorme toile lestée de plomb qui emprisonnerait les poissons. De fait, il devait en attraper pour que son épouse les prépare. C'était une petite espèce de poissons argentés qui sautaient au dessus de l'eau pour parfois, tomber à nos pieds dans la barque.

Il lui arrivait aussi de remonter des petits piranhas, qu'ils nomment Pirayes, et des poissons chiens, espèce de barracudas de 5 cm de long, dont la mâchoire est garnie de dentelures.

 

Vers 20 heures, Marius aperçut une paire d'yeux rouges caractéristiques des proies. Notre première prise fût un caïman ! Ses yeux brillaient à la surface sombre et … Pan ! ! !

Dans le brouhaha de la forêt, le coup qui part, le moteur qui redémarre et les consignes criées à hautes voix : " plus proche" " plus vite " " sur ta droite "… Dans la barque, la bête bougeait toujours, bien que le coup lui avait emporté la moitié de la tête. Le caïman, de l'espèce qui a le front lisse, mît un certain temps à mourir. Il mesurais presque 1 mètre. " On tire pas les gros ", disait Marius. " Ils sont trop malins, et moins bons à manger ".

Je caressais sa cuirasse, inefficace contre le 12 mm, mais si impressionnante à tenir en main…

Mais nous fîmes aussi d'autres prises, et ce, dans des circonstances parfois cocasses, parfois non.

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